Vivipares de sélection

Intéressons-nous aux vivipares de sélections tels que les xiphos, platys ou guppys. Le but de cette maintenance va être de créer ou d’entretenir une souche de poissons qui doivent correspondre le mieux possible à des standards précis. Notre but sera donc de réduire la variabilité des formes ou des couleurs de nos poissons, et dans cette optique le guppy est certainement le plus difficile. Le principe de cette maintenance, à toujours conserver à l’esprit, sera donc d’effectuer une sélection des géniteurs par « le haut », c’est à dire de toujours choisir pour la reproduction des poissons qui se rapprochent le plus des critères du standard choisi, et de limiter la reproduction à ces seuls poissons. Le problème de ce type d’élevage sera évidement une augmentation rapide du taux de consanguinité de vos poissons, et nous allons voir comment le gérer.

Xiphophorus maculatus dalmatien

Supposons que vous venez d’acquérir un couple de guppys provenant d’une très bonne souche. La première chose à rectifier est qu’il n’existe pas de bonne ou de très bonne souche, il n’existe que de très beaux poissons. Ce que nous entendons par là est que de très beaux poissons ne donnent pas que de beaux petits, et que la sélection doit être permanente.

Xiphophorus maculatus abeille

Alors, comment entretenir une lignée de beaux poissons ? Nous passerons sur les détails de l’entretien des bacs, de la surpopulation et de la nourriture que tout aquariophile se doit de respecter. Votre couple de superbes guppys a pondu, après quinze à vingt jours vous pouvez distinguer les mâles, qui commencent à présenter quelques couleurs, des femelles, qui développent la tache de gravidité. Première étape de la sélection : vous installez les jeunes mâles et femelles dans des bacs séparés. Le choix des géniteurs de la génération suivante se fera lorsqu’ils auront 6 à 8 mois, pendant toute cette période les poissons des deux sexes doivent rester dans des bacs isolés afin de s’assurer de leur virginité. Les mâles vont développer leurs couleurs et leurs nageoires, et comme ils sont issus d’un couple de bonne souche ils sont tous semblables entre eux ? C’est faux !

Poisson

Et c’est là que vos talents de sélectionneur entrent en jeu, tel mâle est un peu obèse, tel autre a une teinte terne, tel autre n’a pas une coloration uniforme, celui-là possède une dorsale molle… Parmi tous ces mâles seul un ou deux devront être conservés pour la reproduction, et c’est l’examen attentif de leurs caractéristiques qui vous permettra d’améliorer la génération suivante. La deuxième difficulté sera de choisir les femelles, pour les guppys ces dernières expriment peu de caractères, le choix sera essentiellement en fonction de la forme du corps : droite et robuste, sans être trop trapue. Pour les formes voilées, les nageoires des femelles devront être longues et les rayons bien écartés. La couleur des femelles est également un élément important, elle doit être le plus uniforme possible et en rapport avec le mâle sélectionné… C’est un peu vague, mais ces critères varient en fonction des souches, et il serait un peu long de tous les passer en revue.

Vous avez sélectionné un ou deux mâles et deux ou trois femelles, que vous placez dans un bac pendant quelques jours en attendant l’accouplement, puis chacune des femelles est isolée dans un bac de ponte. Eliminez au passage les femelles peu fécondes afin d’éviter les problèmes de stérilité. Les petits de chacune des femelles seront élevés séparément et les sexes seront isolés dès que possible. Pour la génération suivante vous recommencez le processus de choix des géniteurs au bout de six mois mais vous n’accouplez que les frères et sœurs issus d’une même femelle, vous démarrez ainsi deux ou trois lignées à partir d’une même souche. Ces lignées sont reproduites pendant 5 à 6 générations de croisements frères–sœurs, au cours desquelles vous continuez votre sélection à chaque étape. Afin de limiter les problèmes de consanguinités au bout de toutes ces étapes, vous pouvez effectuer des croisements inter-lignés, vous prenez un mâle de l’une que vous croisez avec une ou deux femelles de l’autre et vice versa, pour recréer de nouvelles lignées, et le processus continue.

Bon d’accord, tout cela est facile à dire, mais vous n’avez pas acheté un couple de beaux guppys, mais seulement un trio de mâles… Là, les choses sont plus complexes. Tout d’abord, premier réflexe, demander à l’éleveur s’il ne peut pas vous vendre quelques femelles de la même souche, cela simplifie les choses, sinon lisez la suite. Lorsque l’on n’a que des mâles d’une souche, le but va être de recréer le plus vite possible leur patrimoine génétique. Il vous faut trouver des femelles adéquates, c’est-à-dire si possible du même standard que vos mâles et portant des motifs et des couleurs compatibles : vous n’allez pas croiser un poisson à la couleur rouge pure avec une femelle d’une souche tachetée de noir, au risque de voir votre rouge se salir de petites traînées sombres. Pour ceci vous pouvez effectuer des essais (sur deux ou trois générations) avec des femelles issues de diverses souches afin de voir laquelle vous donne satisfaction. Les femelles issues de la première génération de croisement seront accouplées avec leur père, qui sera encore accouplé avec ses petites-filles, et plus si possible. Ce sont des croisements intergénérationnelles : ils permettent d’augmenter très rapidement la consanguinité des poissons qui vont alors se rapprocher fortement du géniteur originel.

Poisson

Théoriquement, les jeunes résultant du croisement du mâle avec ses petites-filles doivent ressembler assez bien à leur grand-père (et père), le moment est alors venu pour vous de créer trois ou quatre lignées de guppys selon le principe énoncé plus haut. Le redémarrage d’une souche peut être également l’occasion d’y incorporer quelques gènes nouveaux, par exemple de nouvelles couleurs ou motifs, c’est pour vous l’occasion de créer vos poissons.

Que faut il retenir de tout cela ? Premièrement, bien observer les géniteurs, toute tare éventuelle doit être dépistée et éliminée. Deuxièmement, séparer les poissons par sexe et enfin tenir un suivi sérieux de la généalogie des souches et des lignées car toute erreur peut être réparée si l’on a conservé soigneusement les ancêtres. Au niveau de la maintenance ceci implique donc : deux bacs, un pour les mâles et un pour les femelles, pour chaque génération de chaque lignée, soit environ une dizaine de bacs d’un volume de 30 à 60 litres chacun pour chaque souche. Pour débuter, on peut simplifier la méthode en ne faisant qu’une seule lignée, mais vous vous apercevrez rapidement qu’avec le type de croisements mis en jeu, à la différence des techniques de maintenance des vivipares sauvages, il vous sera difficile de conserver votre souche en bon état pendant plus de trois ou quatre ans.