Nouvelles du GWG nº1
Michael Köck (traduction Christophe Tekavcic)


Bonjour, chère communauté des amoureux des Goodeidés !
Je m'appelle Michael Köck et je suis autrichien. Pour ceux qui ne me connaissent pas : je suis l'un des fondateurs du Goodeid Working Group (GWG) que je dirige depuis nos débuts il y a quelques années. Pour revenir un instant dans l'histoire, le GWG a été fondé le 1er mai 2009 à Stoholm, au Danemark, par deux organisations d'amateurs – Poecilia Scandinavia et Poecilia Netherland – et trois zoos : le zoo de Chester, la Zoological Society of London et la Haus des Meeres, Zoo Aqua Terra de Vienne. J'ai représenté le dernier zoo en qualité de conservateur et j’ai conçu l'idée de ce groupe de travail. Je gère la page Web et je m'engage personnellement beaucoup dans la conservation et l'élevage des Goodeidés. Mon intérêt et mon dévouement pour cet incroyable groupe de poissons remontent à 1998, lorsque j'ai reçu mon premier Ameca splendens. Depuis juin de cette année (2023), je suis basé à Morelia, au Mexique, en plein cœur de la distribution des Goodeidés, et je travaille bien sûr dans la conservation des Goodeidés. Même si j'ai toujours eu en tête de créer une newsletter du GWG, je n'ai jamais eu l'impression que cela était urgent. Mais maintenant, vu le rythme des activités, j’ai pensé que ce serait le moment idéal pour commencer. Cette newsletter s'adresse aux membres abonnés du groupe de travail Goodeid, aux participants des projets de conservation Finescale Splitfin et Allotoca Mesa Central et à toutes les personnes intéressées par les Goodeidés et leur sauvegarde.


La réintroduction du Skiffia francesae l'année dernière s'est heurtée, contrairement à celle du Zoogoneticus tequila, à quelques difficultés. L’espèce a rapidement disparu, même si les protocoles de réintroduction étaient les mêmes que pour le « Zoogy », comme l’appellent les habitants locaux. Pseudoxiphophorus bimaculatus, une espèce invasive, a causé des dommages aux nageoires, mais ce n'est pas la raison de l'échec de la réintroduction. Une expérience réalisée avec des plongeurs et des caméras en juin a montré que les tilapias adultes et de taille moyenne étaient les « méchants ». Ils sont conditionnés par la population locale qui pêche ces tilapias avec des morceaux de tortillas. La prédation des tilapias a été déclenchée par la forme et par le mouvement des Skiffia essayant de s'échapper. Nous avons donc dû changer de stratégie. Les propriétaires du restaurant Soky à Teuchitlán nous ont proposé d'extraire les poissons exotiques d'un des bassins alimentés par une source de leur propriété et de réintroduire le Skiffia parmi les autres espèces indigènes, un travail dur et épuisant sous le chaud soleil de Jalisco, comme vous pouvez l'imaginer. C’est donc ce que nous avons fait et nous avons découvert au cours de nos pêches que notre bien-aimé « Zoogy » avait déjà peuplé cette source. Il est incroyable de voir cette espèce pour la première fois à l'état sauvage ! Il y a seulement quelques jours, nous sommes revenus à Teuchitlán pour voir le résultat de notre réintroduction des semaines précédentes, et c'était incroyable ! Presque toutes les femelles Skiffia étaient gravides, les mâles avaient de belles couleurs et l’observation globale de la communauté de poissons – Goodea atripinnis, Ameca splendens, Zoogoneticus tequila et Skiffia francesae – était plus que satisfaisante. Ils ont même pu tolérer les quelques jeunes tilapias restants et d'autres espèces exotiques, qui seront les cibles de notre prochaine visite à cet endroit. Mais ce n’est que la première étape pour le Skiffia francesae et les autres espèces de Goodeidés dans cette partie du Río Ameca. Beaucoup d’autres opérations sont à venir à Teuchitlán et ses environs.


Le lac de Camécuaro est un joyau parmi tous les parcs nationaux du Mexique. Ses eaux cristallines, ses paysages à couper le souffle avec des centaines d’Ahuehuetes (Taxodium mucronatum) qui l’entourent n’ont rien de comparable dans le monde. Beaucoup d'entre vous connaissent ce nom grâce à une population de Skiffia tacheté (Skiffia multipunctata), une population largement répandue dans le hobby. Malheureusement, le lac a été à maintes reprises peuplé de black-bass, de carpes, de perches soleil et de tilapias. Nos études ont révélé que le lac est presque exempt de poissons plus petits et qu'il n'y a aucune des espèces indigènes qui y étaient initialement trouvées, y compris le Skiffia. Mais cela ressemble à un miracle que lors de la construction de ce parc aquatique des cascades artificielles en béton aient été créées pour isoler certaines sources du lac, et que les poissons autochtones aient réussi à persister dans ces sources. Ces cascades peu profondes tiennent efficacement les prédateurs à l'écart. Outre Goodea atripinnis, nous y avons trouvé Zoogoneticus purhepechus ainsi que Skiffa multipunctata. Dans une prochaine étape, les autorités locales nous ont demandé d'extraire les espèces exotiques du lac principal ainsi que de réintroduire et de renforcer les espèces indigènes. Cela ressemble à un rêve pour les défenseurs de l’environnement et les amoureux de Goodeidés de pouvoir accomplir une telle tâche. Imaginez le plus beau lac du Mexique reconquis par ses premiers habitants… Le projet est prêt et sera discuté avec les autorités très prochainement, et peut-être… peut-être que dans un an ou deux, les visiteurs pourront observer le Skiffia tacheté en pleine parade de reproduction entre les racines de l'un des arbres nationaux du Mexique. Nous y travaillons de pied ferme !
« Plan G »
Je ne vous dirai pas grand-chose de plus que ce titre provisoire car nous sommes en train d'élaborer ce plan, mais quelques détails doivent être dits : Un projet ambitieux sur dix ans axé sur la conservation in situ à long terme de toutes les espèces mexicaines de Goodeidés, y compris la restauration de l'habitat, les activités de reproduction ex situ, les processus de réintroduction, et cela réalisé par une équipe très motivée de scientifiques, d'étudiants et de défenseurs de l'environnement mexicains, plusieurs zoos au Mexique, en Europe et aux États-Unis, des ONG dédiées comme SHOAL et Rewild et avec la participation des autorités et des communautés mexicaines. Je suis ravi et honoré de diriger ce programme en tant que chef de projet.
Mot de la fin
Le groupe de travail Goodeid a commencé comme un petit groupe de passionnés essayant de sauver les populations de Goodeidés dans nos aquariums. L'élevage ex situ reste l'un de nos piliers, et profiter de la beauté de ces poissons et les garder chez soi simplement, juste pour ce qu’ils sont et malgré les menaces qui pèsent, ne sera jamais démodé. Mais nous sommes désormais plus que de simples éleveurs. Nous sommes devenus plus grands, plus courageux… nous sommes devenus actifs. Nous explorons désormais les habitats, recherchons les populations négligées, coopérons avec les universités locales et essayons de changer le sort des poissons. À une époque où tout le monde parle de destruction et de perte de biodiversité, nous montrons au monde comment un travail de conservation réussi peut être réalisé – par chacun d’entre nous ! Peu importe si vous dirigez un laboratoire scientifique ou vendez des hamburgers au coin de la rue : vous êtes le changement !
Nous nous battons et travaillons pour nos poissons, nos enfants, notre planète. Nous ne sommes peut-être pas les Avengers, mais nous avons une vision et nous faisons la différence. Nous choisissons la vie !