Vivipares sauvages

Un des buts de l’élevage des vivipares sauvages, mis à part l’observation de poissons aux mœurs très spécifiques, est avant tout de conserver une souche dans le meilleur état le plus longtemps possible. Vous aurez donc à effectuer une sélection non pas par « le haut » comme pour les poissons de concours, mais par « le bas », c’est à dire en éliminant uniquement les poissons possédant des malformations aussi minimes soient-elles. Le but de cette sélection n’est pas de conserver les plus beaux poissons mais d’enlever du groupe de reproduction ceux qui montrent une trop forte consanguinité. Le maintien d’une souche sauvage nécessite de conserver le maximum de la variabilité génétique. Par exemple, il est normal que chez certaines espèces de xiphos seul un certain nombre de mâles possède des tâches noires sur les flancs ou encore que certains ne développent que des épées ridicules. Le but de la maintenance de ces espèces ne doit pas être de ne conserver que les plus gros mâles avec des épées gigantesques et une pigmentation intense, car vous auriez alors dénaturé votre souche.

Characodon lateralis mâle

Pour respecter ce premier principe de « sélection par le bas » dans la maintenance des espèces sauvages, il vous faudra donc utiliser un maximum de poissons pour la reproduction. Le deuxième principe sera donc, pour la grande majorité des espèces, de maintenir un groupe de reproduction, ce qui signifie qu’il faut garder une petite dizaine au moins de reproducteurs : trois mâles au minimum pour les problèmes de rivalité, et au moins cinq à six femelles. Et ensuite ? Et bien, laisser faire la nature, si vos poissons le permettent… Qu’y a t’il de plus beau qu’un groupe de Phallichthys, ou de Xiphophorus de toutes tailles ?

Chapalichthys pardalis "Tocumbo"

Si vos poissons sont un peu plus voraces vis à vis de leur progéniture, il vous faudra un deuxième bac afin d’isoler les jeunes jusqu’à ce que leur taille leur permette de réintégrer l’aquarium familial. Dans ce cas ne prélevez que quelques alevins à chaque ponte afin de « panacher » la génération montante et d’offrir la possibilité à chacun des reproducteurs d’apporter sa contribution à la diversité de votre souche.

Xiphophorus nezahualcoyotl

En résume, pour élever une espèce de vivipares sauvages, il vous suffira d’un bac suffisamment grand pour accueillir la dizaine d’adultes reproducteurs et les deux ou trois dizaines de rejetons, ce qui peut aller de 20 litres pour une colonie d’Heterandria formosa à 200 litres pour une colonie de Xenotoca ou de Xiphophorus. Ce bac pourra être planté ou non selon votre goût, il devra surtout être bien filtré, avec des changements d’eau toutes les semaines pour éviter tout risque de pollution.

Allotoca dugesii femelle

Un dernier principe, évitez de mélanger plusieurs espèces dans un bac de maintenance. Il y a évidemment des risques d’hybridation entre espèces de même genre, mais surtout, chaque espèce présente des besoins particuliers et des niveaux de sensibilité qui lui sont propres. En plus du fait qu’une espèce risque de dominer l’autre au niveau de sa « personnalité » et lors des distributions de nourriture, vous risquez de ne pas vous apercevoir assez rapidement qu’une espèce est incommodée par un facteur quelconque, et c’est uniquement lorsqu’il sera trop tard que vous réagirez.